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 [SHAMELESS US] ♦ We are a family [En cours]

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Thorny

Thorny

Messages : 12
Date d'inscription : 10/02/2015

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MessageSujet: [SHAMELESS US] ♦ We are a family [En cours]   [SHAMELESS US] ♦ We are a family [En cours] EmptyJeu 16 Juil - 0:52

Coucou tout le monde   coucou
Voici une petite fanfiction que j'ai écrite sur la série Shameless.
Elle est tout public, et pas vraiment spoilante puisqu'elle raconte ce que j'ai imaginé être un morceau du passé des enfants Gallagher, même si je conseillerais quand même d'avoir au minimum vu la saison 3 pour pouvoir bien comprendre ma vision des choses et des personnages.
Elle est composée d'un prologue, de 4 chapitres et d'un épilogue.
Bonne lecture  love

I just want to be able

Elle les détestait.
Avec rage, Fiona ramassa une branche qui traînait dans l'immense jardin de sa famille d'accueil. Sans cesser de marcher, faisant craquer les feuilles mortes à chacun de ses pas, elle tendit le bras, laissant le morceau de bois se cogner contre les arbres environnants.
Elle les détestait tous tellement.
Cette pensée était la seule chose qui lui permettait de tenir, alors elle se la répétait autant qu'elle le pouvait, savourant la façon dont ces mots résonnaient dans sa tête.
Les détester, c'était la seule chose qu'elle pouvait encore faire. Son seul moyen de révolte, sa dernière arme, que personne ne pourrait jamais lui prendre.
Mais le pire, c'était qu'elle n'était même pas sûre de l'identité de ceux qu'elle détestait.

C'était le visage de ses parents qu'elle visualisait le plus souvent en pensant ça. Frank et Monica. Son père et sa mère. Alcooliques, dépensiers, impulsifs. Malade aussi.
Elle ne les avait pas revus depuis ce jour-là, ce jour où les services sociaux avaient débarqué chez eux. C'était une dame du quartier qui avait donné l'alerte, après que Frank ait laissé Carl et Debbie tout seuls au parc. Pour la troisième fois.
Comme à chaque inspection, ils avaient trouvé un père saoul, une mère dépassée, une maison chaotique et des enfants livrés à eux-même. Alors comme à chaque fois, Fiona, ses frères et sa sœur avaient été retirés à leurs parents, et confiés à des familles d'accueil. Trois familles différentes, pour cinq enfants.
Est-ce que ses parents faisaient les démarches nécessaires pour les récupérer rapidement, ou est-ce qu'ils préféraient d'abord profiter d'une liberté retrouvée, sans enfants? Elle n'en savait rien, elle ne savait jamais avec eux. Ils étaient capables de tout. Mais au final, ils finissaient toujours par les reprendre, que ce soit en quelques jours ou en plusieurs semaines.
Elle avait l'habitude, ce n'était pas la première fois pour elle, ni pour Lip et Ian. Mais ça l'était pour Debbie et Carl.

Les doigts de Fiona se resserrèrent autour de la branche qu'elle tenait alors qu'elle se rappelait des cris que son frère et de sa sœur avaient poussés quand l'assistante sociale les avait fait sortir de la voiture pour les confier à leur nouvelle famille d'accueil.
Peut-être était-ce l'assistance sociale que Fiona détestait. C'était elle qui avait surgi à l'improviste, faisant voler en éclats leur petite vie bancale et la séparant des autres. C'était elle la responsable. Mais pouvait-elle vraiment lui en vouloir d'avoir fait son travail? Elle pensait les protéger de parents incapables de s'occuper d'eux. Elle n'avait pas entièrement tort. Elle ne réalisait juste pas que Fiona, elle, était déjà là pour s'occuper des petits.
Arrivée au fond du jardin, Fiona grimpa sur un tronc d'arbre laissé à l'abandon et s'assit dessus. Prenant son morceau de bois à deux mains, elle brisa d'un coup sec, furieuse.
C'était le système le problème. Ils venaient sans prévenir, ils les séparaient sans leur demander leur avis et ils ne cherchaient pas à comprendre. Jamais.
Au moins, les autres n'étaient pas seuls. Ils s'arrangeaient toujours pour laisser les frères et sœurs ensemble, dans la mesure du possible. Carl et Debbie d'un côté, Ian et Lip de l'autre. Et elle. Toute seule.
En voulait-elle aussi à ses jeunes frères et sœur pour ça? Non. Ou peut-être un peu. Ce n'était pas juste qu'eux aillent par deux alors qu'elle-même était seule. Donc oui, une petite part d'elle les jalousait. Mais elle était heureuse, de savoir qu'ils étaient ensemble.
Elle savait que Lip protégerait Ian, quoiqu'il arrive. Et que Ian soutiendrait Lip.
Elle savait que la présence de Debbie allait apaiser Carl, et que de voir son petit frère rassurerait Debbie et lui éviterait de se sentir trop perdue. Abandonnée. Comme Fiona se sentait actuellement.
Sans eux, il y avait un énorme vide à l'intérieur d'elle. Une semaine. Sept jours sans nouvelle, sans savoir s'ils allaient bien, si leurs familles d'accueil les traitaient correctement. Elle ne s'inquiétait pas tellement pour Carl et Debbie - c'était encore des bébés et tout le monde se battait pour avoir un bébé - mais un peu plus pour ses deux frères. Ils étaient intelligents et débrouillards, mais à seulement dix et neuf ans, c'était encore des enfants.
Elle espérait qu'ils soient bien tombés. Dans une famille correcte, qui les nourrirait et les protégerait un minimum. Sans violence, sans alcool, sans restriction insensée.
Elle-même n'était pas tombée si mal, cette fois-ci. Bon, il était clair que sa famille d'accueil n'était pas à la recherche d'une fille pour compléter leur famille - et même si c'était le cas, qui choisirait une adolescente plutôt qu'une enfant pour remplir ce rôle? -, mais plutôt d'une bonne à tout faire gratuite et toujours disponible. Mais en dehors des nombreuses corvées qu'ils lui donnaient, ils lui laissaient toutes les libertés qu'elle voulait, n'ayant pas le moindre intérêt pour ce qu'il pouvait lui arriver. Faire le ménage, la lessive et la cuisine ne dérangeait pas Fiona. C'était déjà elle qui se chargeait de tout chez eux, remplaçant Monica dans ces tâches qu'elle était devenue incapable d'accomplir. Et puis au moins, ça lui gardait l'esprit occupé une partie de la journée, lui évitant de trop penser à ses jeunes frères et soeur, et à quel point ils lui manquaient.

Et pourtant ils lui manquaient tous tellement fort. Elle rêvait de les serrer dans ses bras, de sentir leur odeurs, de voir leurs sourires. Combler le vide à l'intérieur d'elle avec leurs présences.
La gorge de Fiona se serra et ses yeux se mirent à brûler alors que des larmes les envahissaient, trahissant sa solitude et son mal-être. Seule au fond de ce jardin, elle se laissa aller à sa peine, transformant sa colère en tristesse, et elle se mit à pleurer, comme elle le faisait tous les jours depuis une semaine, alors que l'absence de ses frères et sœur lui déchirait les entrailles.
Sans eux, elle n'avait plus aucune idée de qui elle était et de à quoi elle servait.


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Thorny

Thorny

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MessageSujet: Re: [SHAMELESS US] ♦ We are a family [En cours]   [SHAMELESS US] ♦ We are a family [En cours] EmptyJeu 16 Juil - 21:24

to give these kids everything

Onze jours. Cela faisait onze jours que Fiona n'avait pas eu de nouvelles des autres, ni même de ses parents. Onze jours qu'elle avait passés seule, à s'inquiéter, sans savoir comment ils allaient et où ils étaient.
Onze jours sans les voir.
Mais il n'y aurait pas de douzième. L'assistante sociale avait fini par céder à ses demandes incessantes et avait organisé une rencontre pour que les enfants Gallagher puissent se retrouver. Enfin. Même si ça ne durerait qu'une heure, elle allait pouvoir les voir et s'assurer qu'ils allaient bien.

Les retrouvailles devaient avoir lieu dans les locaux des services sociaux. La famille d'accueil de Fiona avaient refusé de recevoir ses frères et soeur, même pour une heure ou deux, prétextant qu'ils étaient trop nombreux, et visiblement les familles qui accueillaient les quatre plus jeunes avaient utilisé le même argument.
Ce fut donc en compagnie de leur assistante sociale que Fiona marchait dans les couloirs du bâtiment, impatiente de retrouver ses cadets. La dame qui l'accompagnait finit par s'arrêter et ouvrit une porte, lui faisant signe d'entrer.
— Fiona !
L'adolescente eut à peine le temps de faire un pas dans la pièce que ses deux jeunes frères se précipitèrent dans ses bras, ravis de la revoir. Pouvant à peine distinguer les boucles de Lip des cheveux flamboyants de Ian dans ce câlin aussi chaotique que plein d'amour, elle les serra du mieux qu'elle pu contre elle, partageant leur joie et leur soulagement d'enfin être réunis.
— Vous m'avez manqués les garçons, leur murmura-t-elle, évacuant par la même occasion l'angoisse accumulée au fil des onze derniers jours à l'idée de ne peut-être jamais les revoir. Vous allez bien ?
Elle mit fin au câlin en posant cette question et, ayant enfin l'opportunité de les regarder en face, elle écarquilla les yeux, affolée, en constatant que non, ils n'allaient pas si bien que ça.
— Bon Dieu Lip ! s'exclama-t-elle. Qu'est-ce qu'il s'est passé?
Malgré le sourire heureux de son cadet, son visage était salement amoché, entre un œil au beurre noir, une lèvre enflée et apparemment quelques coups qui commençaient à peine à guérir.
— C'est rien, répondit Lip en reculant un peu alors que Fiona scrutait ses blessures, inquiète.
— Rien? On dirait que tu sors d'un ring de boxe !
Indignée par l'état de son frère, elle se tourna vers l'assistante sociale supposée superviser leur rencontre, attendant qu'elle réagisse.
— Nous avons déjà mené l'enquête à ce propos, déclara cette dernière d'une voix calme. Il s'agit simplement de quelques chamailleries avec les autres enfants de la maison, rien de dramatique. Cinq garçons au même endroit, difficile de s'en sortir sans coups bleus.
Elle se voulait rassurante, mais Fiona préféra lui lancer un regard noir. Si son frère de dix ans devait se battre pour assurer sa sécurité, elle avait le droit d'estimer que c'était dramatique. Jetant un coup d'oeil à Ian, qui se tenait désormais en retrait, redoutant une éventuelle colère de la part de sa soeur, elle constata que lui aussi avait une ou deux bosses, mais rien d'aussi voyant que sur Lip. Peut-être n'y aurait-elle même pas fait attention d'ailleurs, si l'état de Lip ne l'avait pas alertée en premier lieu.
Elle passa délicatement ses doigts sur l'oeil gonflé de son frère.
— Tu as mis de la glace là dessus ?
— Oui, grogna-t-il en repoussant sa main. Je vais bien Fiona.
Elle n'était pas vraiment d'accord avec cette affirmation, et aurait aimé que l'assistance sociale s'en préoccupe un peu plus, mais elle semblait trouver parfaitement normal qu'un gamin qu'ils avaient placé dans une famille soi-disant sûre se retrouve ainsi défiguré. Ça la révoltait. Le système la révoltait. Mais elle savait déjà que débattre ne servirait à rien, si ce n'est à attirer plus de problèmes à Lip. Alors, en attendant d'en savoir plus, elle renonça à se lancer là-dedans, et jeta un regard à la pièce autour d'eux avec un soupir.
Cet endroit avait du en voir passer, des gamins perdus aux parents défaillants, et le temps ne l'avait pas épargné.
Des vieux fauteuils avec des coussins raplaplas, des bandes-dessinées qui dataient de plusieurs années et auxquelles ils manquaient plusieurs pages, quelques jouets en piteux état, ... Ce ne fut que lorsque ses yeux tombèrent sur une petite poussette rose avec une roue cassée que Fiona réalisa qu'il manquait quelque chose. Quelque chose d'important.
— Où sont Debbie et Carl ? demanda-t-elle en se tournant à nouveau vers l'assistante sociale.
Celle-ci baisa les yeux sur le carnet qu'elle tenait, souhaitant visiblement éviter de la regarder en face alors qu'elle lui répondait.
— Oh, ils ne viendront pas.
Fiona fronça les sourcils alors que derrière elle, Lip et Ian se redressaient en entendant ça.
— Quoi ?
— Mais pourquoi ?
Les deux garçons se trouvaient à présent de chaque côté de leur sœur, prêts à se révolter face à la future injustice qui les attendait. Pourquoi même quand tout semblait déjà aller pour le pire, il fallait toujours qu'autre chose aille de travers ?
Du coin de l'œil, Fiona pouvait voir Lip serrer les poings, prêt à bondir sauvagement pour remettre à sa place quiconque essayerait encore de les contrarier. Sachant à quel point son cadet était impulsif, elle posa une main apaisante sur son épaule. La violence ne servirait à rien dans leur situation actuelle, si ce n'est à empirer les choses. Cette femme, tout aussi incompétente qu'elle soit, était leur meilleur allié pour qu'ils soient à nouveau réunis tous les cinq.
— Où sont-ils ? demanda calmement Fiona.
— Dans leur nouvelle famille. J'ai transmis votre demande pour les voir, mais leurs parents ont refusé de les amener...
— Ce ne sont pas leurs parents, grommela Ian.
— Ils estiment que ces deux petits ont déjà du mal à s'habituer à leur nouveau foyer, inutile de les perturber en conservant un lien avec vous dans l'immédiat.
— Inutile ? répéta Fiona, stupéfaite par cette réponse. C'est notre petite sœur et notre petit frère ! C'est nous leur famille, pas eux !
— Vous n'avez pas le droit de nous empêcher de les voir !
L'assistante sociale ne sembla pas apprécier leur ton, mais ne le releva pas et tenta de les calmer.
— Ecoutez, votre sœur et votre frère sont en sécurité, dans une bonne famille. Ils ont même fait une demande pour les adopter. Vous devriez être heureux pour eux, ils vont avoir une belle vie et...
— Les adopter?
Sous l'effet de la surprise, Fiona ne pensa même plus à surveiller les réactions de ses frères, et en particulier celle de Lip. Ce dernier explosa brutalement, lassé de leur vie merdique qui ne faisait qu'empirer au fil des jours.
— ILS NE SONT PAS A ADOPTER, ILS ONT UNE FAMILLE ! rugit-il aussi fort qu'il pu avec toute la puissance que lui permettait ses dix ans.
Avec fureur, il attrapa un garage en plastique qui était posé là, à la destination de jeunes enfants qui pourraient jouer avec, et le lança à travers la pièce.
— On a pas besoin de vous ! Vous ne nous aidez pas ! QUAND EST-CE QUE VOUS ALLEZ LE COMPRENDRE. On se débrouille très bien tout seul, sans toute vos merdes de familles d'accueil et d'adoption.
Fiona et l'assistante sociale le regardaient passer sa colère, les yeux écarquillées de surprise et d'incompréhension pour l'une, d'inquiétude pour l'autre. Ian quant à lui se tenait à l'écart, sachant que quand Lip s'énervait comme ça, il valait mieux se faire discret et attendre que l'orage passe.
Alors que Lip donnait des coups de pieds enragés dans les fauteuils, l'assistante sociale se tourna vers Fiona, le regard clairement désapprobateur.
— Je vais devoir mettre fin à cette séance s'il ne se calme pas immédiatement, déclara-t-elle froidement. Et je vais conseiller à sa famille d'accueil de l'emmener voir un psy, ce garçon a clairement des problèmes.
— Ouais j'ai des problèmes, lui lança Lip d'un ton furieux. C'est vous mon problème. Vous et ce putain de système à la con.
Le regard de Fiona passa de son frère à la femme qui notait à présent quelque chose, les sourcils froncés.
Merde. Ça n'allait vraiment pas les aider tout ça.
— Il faut l'excuser, c'est juste dur pour nous ces derniers jours et on était persuadés de voir Carl et Debbie aujourd'hui...
L'assistance sociale parut dubitative, mais semblait encline à se laisser convaincre par ces excuses bancales. Mais pour ça, il fallait que Lip se calme.
— Lip.
Alors qu'il venait de ramasser une poupée défigurée par du marqueur, le garçon se retourna et fixa sa sœur, hésitant entre colère et dé -ci s'approcha lentement de lui et l'attrapa par les épaules pour le regarder bien en face.
— Ça va aller Lip, lui assura-t-elle. Je vais m'en occuper, d'accord?
— Ils sont tous seuls Fiona...tu te rappelles comme Debbie pleurait quand ils les ont emmenés? Il faut les retrouver, ils ont besoin de nous...
— Je sais Lip, je sais. Mais là tout de suite, on a tous besoin que tu te calmes et que tu maîtrises ta colère, okay?
Le regard un peu perdu, mais visiblement apaisé, Lip acquiesça.
— Très bien, assieds-toi, et moi je vais aller parler avec l'assistante sociale. Ian, tu peux rester près de lui?
Aussitôt, Ian alla s'asseoir à côté de son frère et échangea un sourire triste avec Fiona.
— Il faut ramener Debbie et Carl, lui murmura-t-il.
— Je sais.
Sachant qu'ils comptaient sur elle, tous les quatre, Fiona retourna à côté de l'assistante sociale, et se fit la plus polie possible.
— S'il vous-plait, il n'y a vraiment aucun moyen de les contacter? Vous ne pouvez pas me donner leur adresse? Ou un numéro de téléphone ? N'importe quoi ?
Malgré ses yeux suppliants, la femme ne céda pas.
— Non, les règles sont les règles, et je ne peux dévoiler ces informations qu'à vos parents.
Leurs parents. Une étincelle de colère et de rancœur s'alluma dans le cœur de Fiona alors qu'elle pensait aux deux incapables qui étaient désignés par ce nom.
— Est-ce que vous pouvez au moins nous laisser seuls tous les trois? demanda-t-elle en désespoir de cause.
L'assistante sociale parut hésiter, s'inquiétant sans doute que Lip ne casse quelque chose, mais elle finit par acquiescer.
— D'accord. Je reviens dans une heure. Vous ne quittez pas la pièce, sauf pour aller aux toilettes ou venir me trouver, je serais dans mon bureau en cas de besoin.
Les trois frères et sœur opinèrent sagement, sachant que c'était là leur seul moyen d'avoir un peu d'intimité. Satisfaite, la dame quitta la pièce, persuadée de faire sa bonne action de la journée en les laissant sans surveillance.
Alors qu'elle refermait la porte derrière elle, Fiona alla s'asseoir près de ses frères, et soupira longuement. Puis, avec un sourire, elle leur prit à chacun une main.
— On va s'en sortir les gars, je vous le promets.
— Qu'est-ce que tu en sais ? répondit Lip avec une pointe de colère.
— Parce qu'on est des Gallagher.
— C'est pas une raison valable.
Avec rage, il donna un grand coup de pied dans la poupée qu'il avait posé par terre en s'asseyant.
— Ça t'arrive souvent, ce genre de colère ? Demanda sa soeur en fronça les sourcils.
— Yep, répondit Ian à voix basse.
— Non, répliqua Lip. J'ai plus le droit d'être énervé maintenant ?
Fiona ne répondit pas et resta songeuse un moment. Lip avait toujours eu du mal à réprimer ses émotions, et il partait vite dans des extrêmes à n'en plus finir. Tout petit, il faisait des crises monstrueuses sans aucune raison apparente – bien que , un père alcoolique qui l'oublie au bord de la route ou une mère farfelue qui le réveille à trois heures du matin pour regarder un film semblaient être des raisons suffisantes pour expliquer ce déséquilibre – mais il semblait s'être calmé en grandissant. Si ça le reprenait maintenant, elle aimerait être au courant. Mais peut-être que c'était normal, avec tout le chamboulement qu'il y avait dans leurs vies actuellement.
— Ça vient de là toutes ses blessures ? demanda-t-elle en les examinant un peu mieux.
— Non, grogna Lip. C'est juste les autres garçons de la maison qui aiment se battre.
— Vraiment ?
Elle était plus que dubitative face à cette explication, mais son frère semblait vraiment de mauvaise humeur et peu enclin à répondre à ses questions.
— Oui vraiment ! S'agaça-t-il. Je vais bien Fiona, j'ai pas besoin que tu t'occupes de moi !
Il ne supportait pas qu'elle le traite comme un bébé, il avait dix ans, presque onze, il était capable de se débrouiller tout seul.
Fiona jeta un coup d'œil à Ian qui fixait ses chaussures, souhaitant visiblement éviter de croiser le regard de sa sœur. Donc ils cachaient bel et bien quelque chose. Elle poussa un autre soupir, réalisant que plus ces deux là grandiraient, plus ils feraient des trucs en cachette.
— Écoutez, je veux juste m'assurer que personne ne vous maltraite injustement, d'accord ? Je sais que ce ne sont pas de "simples chamailleries entre frères", parce que ce ne sont pas vos frères. Moi aussi je suis en famille d'accueil, et moi aussi j'aimerais éviter que vous sachiez ce que je vis là-bas, parce que c'est le genre de choses qu'on a envie de partager avec personne, et certainement pas avec ceux qu'on aime. Mais vous devez me promettre que personne ne vous fait volontairement du mal, d'accord ?
Lip baissa les yeux, partagé entre l'envie de se confier à Fiona - parce que c'était Fiona et qu'elle arrangeait toujours tout - et celle de tout garder pour lui. Parce qu'il n'était plus un enfant, et parce qu'il savait que toujours demandé à Fiona de les sauver n'était pas la solution. Parce qu'elle était sa soeur tout autant qu'il était son frère, et qu'il n'y avait aucune raison pour que ce soit toujours à elle de les protéger. Lui aussi voulait la préserver de cette vie qu'ils ne méritaient pas. Tous les préserver. Fiona. Ian. Carl et Debbie.
— C'est juste ce gars, finit-il par admettre. Le fils biologique de la famille d'accueil. Il a 15 ans. Il se croit plus malin que tout le monde et il s'énerve quand je lui prouve.
— Il a quinze ans et il tabasse des gosses de 10 ans ? s'emporta aussitôt sa sœur.
— Il ne m'a pas tabassé ! protesta Lip. Il nous juste un ou deux coups au passage, parce qu'il pense être le roi de sa maison, et ses parents l'encouragent. Mais il est juste stupide, je peux le gérer.
Le regard de Fiona passa de Lip à Ian, qui fixait ses chaussures. Son cœur se serra en réalisant à quel point ils devaient se sentir mal dans cette maison. Ce n'était pas leur place, ils avaient une maison. Ils méritaient de se sentir en sécurité.
— Ne t'inquiète pas pour nous deux Fiona, ajouta Lip. Je protégerai Ian, et moi, je peux supporter cet imbécile. Toi, concentres-toi sur Carl et Debbie. Il faut les retrouver. Les récupérer.
Sa sœur acquiesça. C'était vrai. Debbie et Carl. Il fallait qu'elle trouve une solution pour empêcher leur adoption. Ils n'avaient pas le droit de les laisser dans les mains de purs inconnus.
Du coin de l'œil, elle vit Ian serrer les poings, alors que sa tête était toujours résolument baissée, comme s'il voulait cacher son visage. Et les larmes qui brûlaient ses yeux.
Sans un mot, elle passa doucement sa main dans ses cheveux pour le réconforter. Et sans doute aussi pour se réconforter elle-même. Elle avait besoin de tendresse, ils en avaient tous les trois besoin. Et dans l'immédiat, c'était tout ce qu'ils pouvaient s'offrir les uns aux autres. Quittant les cheveux flamboyant de son cadet, la main de Fiona alla chercher celle, plus petite, de Ian, pendant que son autre bras se tendait pour saisir celle de Lip.
C'est à ce moment que Ian redressa la tête et leur sourit à tous les deux.
— Ça va aller, déclara-t-il avec une conviction surprenante. On va s'en sortir. L'important, c'est de rester ensemble.

oOoOoOo

Fiona avait déjà envisagé la possibilité de ne pas demander à récupérer Debbie et Carl. Évidemment qu'elle y avait déjà pensé, comment aurait-elle pu ne pas le faire ?
Ils étaient encore des bébés, tout petits, tout mignons. Des dizaines de famille étaient prêtes à les accueillir, et pourraient peut-être leur offrir une vie bien plus belle que celle qui les attendait ici.
Mais elle avait toujours été incapable de s'y résoudre. Encore une fois, comment aurait-elle pu?
Debbie était sa petite sœur. Sa seule petite sœur. Personne ne la connaissait mieux qu'elle. Fiona savait quelle histoire lui lire le soir, quelle chanson lui chanter pour l'endormir, quels étaient ses jouets préférés. Fiona était la seule à savoir reconnaître ses expressions, à deviner quand elle était triste, bouleversée, ou qu'elle faisait un caprice. C'était sa petite sœur, à elle. Et rien que l'idée de la confier à une famille qui ne saurait pas comprendre et voir à quel point Debbie était une petite fille merveilleuse, douce et câline, réclamant attention et amour, le cœur de Fiona se serrait de tristesse.
Quant à Carl...C'était Carl. Rien qu'en fermant les yeux, elle pouvait toujours sentir son odeur de bébé, avoir la sensation de ses petits doigts qui la caressaient, ou qui lui agrippaient les cheveux. Elle revoyait son petit froncement de sourcil lorsqu'il n'était pas content. Elle entendait son rire si communicatif et innocent lorsqu'il voyait quelque chose de drôle pour lui. Elle n'avait jamais entendu un bébé rire si fort en voyant deux ivrognes se frapper dessus dans la rue, ou lorsqu'il lançait un jouet à travers la pièce et que quelqu'un le recevait sur la tête.
Monica ne s'était jamais vraiment occupée de Carl. Deux bébés, c'était trop pour elle. Elle s'était laissée débordée, et c'était comme ça que tout avait commencé à déraper à nouveau, et qu'ils avaient tous atterris en famille d'accueil. Fiona avait souvent eu l'impression d'être la mère de Carl, à la place de Monica. Elle ne comptait plus les nuits où il avait hurlé des heures pendant la nuit, empêchant tout le monde de dormir, et où ça avait été à elle de se dévouer pour aller le chercher et le bercer pendant de nombreuses minutes, avant de finalement le prendre dans son lit et s'endormir avec lui tout contre elle. Et maintenant, ce petit monstre qui ne se calmait qu'auprès d'elle lui manquait terriblement.
Alors oui, c'était vrai qu'en décidant de récupérer Debbie et Carl, qu'en les ramenant dans leur maison auprès de Monica et Frank, elle les condamnait à un avenir peu glorieux, difficile et très probablement douloureux. Mais au moins, elle serait près d'eux pour les protéger si besoin. Pour les consoler. Pour les guider. Pour les aimer. En les laissant partir et être adoptés dans une autre famille, elle n'avait pas la certitude que quelqu'un serait là pour prendre soin d'eux comme elle le ferait. Alors non, elle ne pouvait pas se résoudre à les laisser partir. Et encore moins dans une famille qui souhaitait couper tous les liens entre eux.
Elle refusait que Debbie et Carl soient élevés dans un environnement où on les empêcherait de savoir d'où ils venaient. Qui ils étaient. Alors elle allait les retrouver. Et les récupérer.

oOoOoOo

Fiona était assise dans la salle d'attente du centre d'aide à l'enfance depuis plus d'une heure. Elle avait déjà parlé avec leur assistante sociale, expliqué qu'elle voulait juste l'adresse de la famille où se trouvaient Debbie et Carl, pour s'assurer qu'ils allaient bien. Mais elle avait reçu une leçon de morale en réponse, comme quoi ce n'était pas son rôle de se préoccuper de ça et qu'ils s'assuraient que tous les enfants placés le soient dans de bonnes familles. L'assistante sociale lui avait alors demandé de rentrer chez elle, et Fiona s'était énervée, répliquant qu'elle n'avait plus de chez elle, grâce à eux, et qu'elle voulait juste des nouvelles de son frère et de sa sœur. Comprenant qu'on ne la prenait pas au sérieux - personne ne la prenait jamais au sérieux -, elle avait décrété qu'elle ne quitterait pas cet endroit tant qu'elle n'aurait pas obtenu une adresse, ou un numéro de téléphone. Elle s'était donc installé dans la salle d'attente et, depuis une heure, elle regardait les gens défiler. Tous ces gens, toutes ces familles pathétiques, pauvres et misérables. Était-ce à ça qu'ils ressemblaient, vu de l'extérieur? Probablement un peu. Probablement beaucoup, dans les pires jours de Frank et de Monica.
Où étaient-ils passés d'ailleurs ces deux-là? N'était-ce pas leur rôle, de demander des nouvelles de leurs enfants? De chercher à savoir où étaient leurs deux cadets? De tout faire pour les récupérer ? Pourquoi ne s'étaient-ils pas encore manifestés ? Est-ce qu'ils étaient vraiment en train de devenir de plus mauvais parents que ce qu'ils étaient déjà ?

oOoOoOo

Fiona revint le lendemain et agit exactement de la même façon. Elle alla s'asseoir dans la salle d'attente et fixa le bureau de leur assistante sociale pendant des heures, croisant son regard à chaque fois qu'elle en avait l'occasion et espérant faire naître en elle une pointe de remord. Ou n'importe quoi d'autre, du moment qu'elle réagisse et qu'elle craque.
Mais les heures s'enchainaient sans que rien ne se passe, et à chaque minute écoulée, la détermination et l'espoir de Fiona s'envolait.
Elle ne savait pas ce qu'elle était supposée faire. Renoncer ? Hors de question. Elle devait retrouver Debbie et Carl, quel qu'en soit le prix. Ils méritaient qu'elle fasse ça pour eux. Parce que personne d'autre ne le ferait.
Et puis elle l'avait promis à Lip et à Ian. Elle leur avait promis de les retrouver, et de faire en sorte qu'ils soient à nouveau réunis, tous les cinq.
Pourtant, elle savait qu'elle s'y prenait mal, elle en était de plus en plus convaincue. Mais elle ignorait quelle était la bonne façon de faire. Alors elle restait là, assise, attend que le temps passe et priant pour qu'un miracle se produise.
Et parce que la vie de ses enfants étaient tellement ponctuées de malheurs, et qu'il fallait bien un petit miracle de temps en temps pour équilibrer les choses, il se produisit.
— Fiona !
La jeune fille releva la tête en entendant son prénom. Non, peu importait son prénom. En entendant cette voix. Cette petite voix aiguë et si adorable qu'elle n'avait plus entendue depuis des jours. La voix de Debbie.
En une seconde, la petite fille rousse se jeta dans les bras de sa sœur, ravie de la découvrir là. Sans comprendre ce qu'il se passait ni d'où elle sortait, Fiona la serra contre elle le plus fort qu'elle put, comme pour ne jamais la laisser repartir. Dans ses bras, Debbie rigola, heureuse, alors que les deux petites couettes sur sa tête s'agitaient et chatouillaient le menton de sa grande sœur.
— Deborah ! Reviens ici !
Cette voix-là, Fiona ne l'avait jamais entendue. Défaisant à regret l'étreinte avec sa cadette, elle regarda autour d'elle, essayant de comprendre ce qu'il se passait, et pourquoi sa sœur était apparue d'un coup, sortant presque de nulle part.
Une dame se précipitait vers elle, apparemment confuse. Elle était bien habillée, bien maquillée, avec des talons, un sac de marque. Rien ne clochait dans son apparence, tout était parfait. Même sa façon de prononcer le prénom de Debbie.
— Deborah voyons, tu ne peux pas partir comme ça, c'est dangereux.
Elle essaya de prendre l'enfant par la main, mais Debbie resta agrippée à sa sœur, ne souhaitant visiblement pas la quitter.
— Nan ! Je veux Fiona !
Face à ce caprice, la dame se retrouva contrainte de regarder Fiona et de lui adresser la parole, ce qui sembla lui couter beaucoup.
— Je peux savoir qui vous êtes ? demanda-t-elle.
— Fiona est Fiona, babilla Debbie.
Cette dernière se leva, calant bien sa petite sœur contre elle, et tendit la main à l'inconnue.
— Fiona Gallagher. Je suis la grande sœur de Debbie. Et de Carl, ajouta-t-elle en parcourant les alentours du regard, se demandant si son petit frère était là lui aussi.
Elle le repéra à l'autre bout de la pièce, en compagnie d'une homme en costume-cravate, assis par terre, occupé à mordre ce qui semblait être...une laisse ? Inconsciemment, Fiona ressera son emprise sur Debbie, alors que la femme en face d'elle semblait soudainement être transportée de joie.
— Vous êtes leur grande sœur ! répéta-t-elle avec émerveillement, comme si personne ne l'avait jamais mise au courant de son existence. Mais c'est fabuleux, vous pourriez remplacer la nounou ! Quel âge avez-vous ? Seize ans, dix-sept ?
— Quatorze.
— Oh. Ce n'est pas grave, ça devrait quand même faire l'affaire. Nous avions justement rendez-vous avec l'assistance sociale pour en discuter, venez donc !
Ne sachant pas comment elle était supposée réagir à cet enchainement d'événement assez inattendu, Fiona la suivit sans poser de questions, se disant que le meilleur moyen de comprendre était de jouer le jeu. Et puis au moins, ça lui permettait d'être près de Debbie et de Carl.
Dire que quelques minutes plus tôt à peine, elle craignait de peut-être jamais les revoir. Enfouissant son nez dans les cheveux de la petite, elle respira profondément leur odeur. Debbie rit à ce contact, et se retourna pour embrasser son aînée.
— T'étais où Fiona? demanda-t-elle innocemment en la scrutant avec ses grands yeux interrogateurs.
Fiona n'eut pas l'occasion de répondre à cette question qu'une deuxième paire de petite main s'agrippa soudainement à elle.
— Fifi !
Au fond d'elle, Fiona sentit un immense soulagement en constatant que Carl la reconnaissait toujours. C'était stupide, mais elle avait l'impression que ça faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas vu... Il était encore si petit, sa mémoire n'était pas fiable. Mais il se souvenait d'elle, il l'avait reconnu, et il semblait heureux de la voir.
Sans lâcher Debbie, Fiona se baisa pour embrasser son plus jeune frère, qui lui souriait de toutes ses minuscules petites dents. Elle en profita aussi pour détacher l'espèce de harnais pour enfant qu'il portait, ce qui provoqua aussitôt la panique chez les deux adultes.
— Non, ne le détachez pas, il va encore s'enfuir !
— S'enfuir ? répéta Fiona sans comprendre.
— Cet enfant ne tient pas en place ! On passe notre temps à lui courir après pour l'empêcher d'ennuyer les gens !
— Carl fait plein de bêtises, chantonna Debbie.
Comme pour approuver ses paroles, son petit frère attrapa l'une de ses couettes et se mit à la tirer de toutes ses forces. Aussitôt, Fiona lui mit une petite tape sur la main.
— Arrête Carl ! ordonna-t-elle, et le bambin obtempéra aussitôt, sous les yeux médusés de ses parents d'accueil.
— Incroyable, prononça le père dans un souffle.
— C'est elle ! s'écria la mère d'une voix qui partait un peu trop dans les aigus. C'est notre prochaine nounou.
Fiona fronça les sourcils, ne comprenant toujours pas tout à la situation. Mais peu importe ce qu'ils lui voulaient et à quel point tout ceci était bizarre, elle était prête à tout accepter tant que ça lui permettait de rester près des deux enfants blottis dans ses bras.


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Thorny

Thorny

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MessageSujet: Re: [SHAMELESS US] ♦ We are a family [En cours]   [SHAMELESS US] ♦ We are a family [En cours] EmptyVen 17 Juil - 22:37

that they deserve

Les gens qui avaient accueillis Debbie et Carl s'appelaient Esmée et Richard Dechinerre.
C'était un couple sans enfants, plein aux as, un peu snob et surtout dé-bor-dés par leur travail. Par conséquent, ils n'avaient absolument pas le temps de faire un bébé par eux-même, mais, souhaitant coller aux idéaux de la société, avaient désiré une famille parfaite, avec une petite fille et un petit garçon. Ils furent donc comblés quand Debbie et Carl atterrirent chez eux. Mais étaient-ils prêts à sacrifier leur carrière pour autant ? Absolument pas.
Ainsi, Carl et Debbie avaient été confiés au soin d'une nounou, et ne voyaient leurs "parents" qu'une ou deux heures par jour. Ceux-ci les traitaient d'ailleurs plus comme des trophées à montrer fièrement à leurs amis que comme des enfants à cajoler, et se montraient d'ailleurs très vite dépassés par la situation quand ils devaient s'occuper des petits par eux-même.
Sauf que voilà, il y avait une chose qu'ils n'avaient pas prévu dans leur plan de petite famille parfaite. C'était que les enfants qu'ils accueilleraient auraient un passé, et un caractère bien affirmé.
Au début, leur principal problème fut les réveils nocturnes de Debbie, qui réclamait sa maman, son papa, sa sœur, sa maison. Ils ne savaient comment réagir face à ses hurlements désespérés, et c'était la raison principale pour laquelle ils avaient décidé de couper tous les liens avec cette famille inconnue qui leurs gâchait les nuits.
Mais très vite, ces crises nocturnes passèrent au second plan. Car il y avait Carl.
Carl, adorable bambin de deux ans.
Carl, petit démon en couche-culotte.
Il y eut d'abord les disputes avec sa sœur. Et les hurlements dès qu'on lui faisait une remarque. Puis il se mit à échapper à la surveillance des adultes, et n'hésita pas à aller faire des bêtises, partout où il en avait l'opportunité, et particulièrement là où c'était strictement interdit. Colorier sur chaque mur de la maison? Arracher les poils du tapis à 2000 dollars ? Faire pipi sur tous les coussins du canapé ? Ennuyer sa sœur jusqu'à ce qu'elle se mette à hurler ? Taper les enfants au parc ? Envoyer son bol ou son assiette au visage de sa nounou à chaque repas ? Partir en courant au milieu de la route pendant que les voitures roulaient ? Frapper le chien des voisins avec une branche d'arbre trouvée par terre ? Briser la vitre de la fenêtre de sa chambre en lançant un jouet dessus? Carl l'avait fait. Carl avait fait toutes les bêtises possibles pour un petit garçon de deux ans, et ne semblait pas en montrer le moindre signe de remords, malgré toutes les remontrances, malgré toutes les punitions.
La nounou avait fini par démissionner en décrétant que cet enfant était un démon, et sa remplaçante en avait fait de même au bout de trois jours.
Les parents, dépassés, avaient donc pris rendez-vous avec l'assistante sociale pour discuter de cet enfant incontrôlable, dans le but de savoir s'ils pouvaient le rendre.
Le rendre.
Fiona ricana à cette idée. Pour ces gens, Carl et Debbie n'étaient rien de plus que des objets à ajouter à leur collection de riches. Et dire que pendant un instant, elle avait envisagé de les laisser être adoptés, pour leur offrir une vie meilleure. Cette idée lui semblait tellement invraisemblable maintenant, et ce malgré les merveilleuses chambres d'enfants auxquelles ils avaient droit, et les centaines de jouets et de vêtements qui s'y trouvaient.
Debbie et Carl avaient besoin d'amour, d'attention et d'affection bien plus que de tous ces trucs.
Mais là où les choses étaient devenues merveilleuses, c'est qu'en rencontrant Fiona, ce couple avait décidé de l'accueillir chez eux elle aussi, espérant qu'elle fasse office de nounou et qu'elle réussisse à canaliser Carl. L'assistante sociale n'y ayant pas vu d'objection, la jeune fille avait pu quitter sa famille d'accueil et emménager dans cette maison tellement immense qu'elle ressemblait à un château, auprès de son frère et de sa sœur.

oOoOoOo

Au final, la vie chez les Dechinerre était plutôt agréable. Tout ce qu'ils demandaient à Fiona, c'était de s'occuper des enfants pendant la majorité de la journée, ce qu'elle avait déjà l'habitude de faire pour aider Monica. Et puis elle n'allait pas s'en plaindre, puisque c'était plus qu'elle n'aurait pu osé espérer quelques jours plus tôt, quand elle redoutait de ne jamais revoir Debbie et Carl.
Maintenant, elle était sûre qu'ils allaient bien, et qu'ils ne manquaient de rien, puisqu'elle était auprès d'eux.
Il y avait même des avantages à faire la baby-sitter pour les Dechinerre plutôt que pour ses vrais parents, puisqu'ici, elle était en plus libérée des tâches ménagères, étant donné qu'il y avait une femme de ménage pour s'en charger, ainsi qu'une cuisinière rien qu'à eux. Ils avaient même un jardinier.
Du coup, Fiona était libre de faire ce qu'elle voulait quand les deux petits faisaient la sieste, ou après les avoir couchés. Certains jours, Esmée les prenaient avec elle pour les montrer à ses amies, et Fiona se retrouvait libre de faire ce qu'elle voulait de sa journée. Richard lui donnait de l'argent
qu'elle pouvait dépenser comme elle voulait. Une somme qui, pour lui, était modeste et insignifiante mais pour, pour elle, était colossal et précieuse. Elle mettait cet argent de côté, bien à l'abri dans sa chambre, sachant qu'elle en aurait besoin plus tard, quand ils seraient de retour chez eux et que Monica aura oublié de faire les courses.

oOoOoOo

A force de penser à ce futur qu'elle désirait et redoutait en même temps, une idée commença à germer dans la tête de Fiona.
Une idée assez farfelue et insensée, mais qui lui plaisait un peu plus à chaque fois qu'elle y pensait.
Pourquoi est-ce que Lip et Ian ne pourraient-ils pas eux aussi venir vivre ici ?
Après tout, la seule chose qui importait, c'était qu'ils soient tous les cinq, non? En vivant tous ici, ils ne feraient que troquer des parents défaillants contre des parents absents, et ils y gagneraient beaucoup en confort. Et puis ce n'était pas comme si Monica et Frank se souciaient beaucoup d'eux, puisqu'ils ne s'étaient toujours pas manifestés. Avaient-ils seulement réaliser qu'on leur avait enlevé leurs enfants ?
Bien sûr, Fiona savait que ça ne serait pas simple. Il faudra non seulement convaincre Esmée et Richard, mais aussi ses frères. Persuader Lip d'avoir un comportement correct et poli, au moins jusqu'à ce qu'il soit adopté. Faire comprendre à Ian que non, ce n'était pas une trahison envers leur mère. C'était Monica qui les abandonnait en ne cherchant pas à les récupérer, pas l'inverse.
A long terme, cela pourrait être une bonne solution pour eux cinq. Peut-être la meilleure. Rester ensemble, unis, mais dans un environnement stable.
Malgré sa conviction de plus en plus absolue que c'était la solution parfaite pour eux, elle n'osait pas en parler avec Esmée ou même Richard. Sans doute par peur de devoir faire face à un non définitif qui réduirait tous ses espoirs à néant.
Finalement, ce fut grâce à Debbie qu'elle décida de mettre son projet à exécution.
C'était l'heure du bain, et les deux petits jouaient dans l'eau, au milieu de la mousse et des petits bateaux. Carl s'amusait à remplir des gobelets pour les vider sur sa tête et éclatait de rire à chaque fois. Quand à Debbie, après plusieurs minutes à essayer d'attraper la mousser pour souffler dessus et la regarder s'envoler, elle tourna ses grands yeux innocents vers sa sœur qui les surveillait distraitement tout en lisant un de ses cours.
— Ils sont où Lip et Ian ?
Cette question, Fiona l'avait attendue. Elle l'avait redoutée. Elle l'avait guettée, traquée, et même un peu titillée, essayant de faire parler les deux bambins sur ce que leur nouvelle maison et l'absence de plus de la moitié de leur famille leur faisait ressentir. Mais rien. Aucune réaction.
Finalement, elle s'était résignée à l'idée que Debbie et Carl avaient totalement oublié l'existence de leurs grands-frères et qu'ils ne leur manquaient absolument pas.
Et maintenant voilà que cette question arrivait au moment où elle s'y attendait le moins, dans une situation plutôt incongrue puisque les deux enfants étaient nus dans leur bain.
— Lip lip lip, répéta Carl.
Fiona s'approcha de la baignoire alors que sa cadette la fixait, attendant une réponse.
— Ils te manquent ? demanda-t-elle.
Debbie hocha la tête, le regard toujours interrogateur.
— Ils sont à la maison ?
— Non ma puce, ils ne sont pas à la maison. Ils sont dans une autre maison.
— Pourquoi ils sont pas ici ?
— Parce que...parce qu'ils n'ont pas le droit de venir. C'est interdit, par la loi, et par Esmée.
Debbie fronça les sourcils.
— Esmée n'aime pas Lip et Ian ?
— Lip lip.
Carl, qui avait attrapé une bouteille de shampoing et réussit à l'ouvrir, fut stoppé juste à temps par Fiona qui la lui confisqua. Sans répondre à la question de sa sœur - que pouvait-elle répondre à une question pareille d'ailleurs ? - elle réalisa qu'elle pouvait se servir des adorables bouilles de ses cadets à son avantage.
— Lip et Ian vous manquent ? demanda-t-elle.
— Ye veux Ya, babilla Carl en s'allongeant dans la baignoire. Sourrin.
Alors qu'il plongeait la tête sous l'eau pour y faire des bulles, Fiona préféra concentrer son attention sur Debbie qui était plus facilement compréhensible.
— Hey Deb's, lui murmura-t-elle. Si tu as envie de revoir Lip et Ian, il faut le dire à Esmée d'accord? Répète-lui à chaque fois que tu la verras, pour qu'elle le sache.
La petite rouquine hocha la tête, son attention déjà attirée par autre chose que l'absence de ses frères. Mais Fiona savait que le message était passé, et surtout, elle espérait qu'Esmée ne reste pas insensible aux demandes de la fillette.

oOoOoOo

Debbie prit sa mission très à cœur et se mit à réclamer ses frères sans arrêt. Quand Esmée lui faisait essayer une nouvelle robe qu'elle venait de lui acheter et lui disait à quel point elle était jolie, la petite disait qu'elle voulait montrer sa robe à Lip. Quand elle avait peur de descendre d'un toboggan, ou d'aller jouer avec d'autres enfants, elle se mettait à pleurer en réclamant Ian. Même quand ses parents d'accueil n'étaient pas, elle demandait après ses frères.
Comme si elle s'était brusquement rappelée de leur existence et ne pensait désormais plus qu'à eux.
En temps normal, cette obsession soudaine de sa sœur aurait inquiété Fiona, mais dans la situation actuelle, cela lui convenait parfaitement, car Debbie lui préparait le terrain avant qu'elle ne passe à l'action. Ce qu'elle décida de faire un mercredi après-midi, alors qu'elle donnait le goûter aux petits en compagnie d'Esmée. Rien que le fait qu'elle accepte de participer à cette activité - et ainsi de voir Carl étaler de la compote ou du yaourt partout dans la cuisine - était la preuve qu'elle était d'humeur familiale aujourd'hui, ce qui ne pouvait que jouer en leur faveur.
— Esmée ?
— Oui ?
Fiona hésita. Elle n'avait pas réussi à se décider sur la manière dont elle devait amener le sujet.
— Vous avez déjà entendu parler de mes petits frères ? Lip et Ian ? Eux aussi sont placés en famille d'accueil.
— Le gâteau au chocolat c'est le préféré de Ian, commenta Debbie alors qu'elle-même avait des traces de chocolat tout autour de la bouche.
Esmée offrit un sourire crispée à l'enfant, mais ne répondit pas à Fiona, qui prit ça comme une permission de continuer à parler.
— Je me dis que ce serait bien pour les petits de les revoir. On pourrait les inviter à passer une après-midi ici, ou peut-être même une nuit. Carl adorait dormir dans le lit de Ian et Debbie vénère ses grands-frères donc...
— C'est compliqué à mettre en place, la coupa soudainement Esmée.
Son ton était froid, ce qui suffit à faire perdre à Fiona tout son enthousiasme.
— Ce sont nos frères, murmura-t-elle.
— Fiona, ma chérie. Nous apprécions beaucoup l'aide que tu apportes. Mais nous allons adopter Deborah et Carl. Ils ne feront bientôt plus partie de votre famille. Il n'y a aucune raison pour eux de garder un quelconque lien avec tes frères. Peux-tu comprendre ça ?
Fiona ne répondit pas, parce qu'elle savait que si elle parlait, ça ne serait pas pour dire quelque chose d'agréable ou de gentil. Bien au contraire. Alors pour cette fois, elle se tut, préférant jouer la sécurité et s'assurer de pouvoir rester avec les enfants, en dépit du fait « qu'ils ne seront bientôt plus de sa famille ».
En fin de compte, elle avait changé d'avis. Elle ne voulait pas vivre chez ces gens. Elle les méprisait. Ses frères, Debbie et elle n'avaient pas leur place dans leur maison.
Alors à partir de maintenant, terminé les lubies débiles. Elle devait se concentrer sur un seul et unique objectif : rentrer chez eux, dans leur vrai maison. Et il fallait le faire rapidement avant que la procédure d'adoption ne soit lancée.

oOoOoOo

Trois jours plus tard, les choses n'avaient pas avancé. A vrai dire, Fiona n'avait pas la moindre idée de comment elle était supposée s'y prendre. Elle avait l'impression que son destin lui échappait, qu'elle n'avait plus aucune emprise dessus. Pire encore, que la personne qui contrôlait maintenant son futur - et celui de ses frères et sœur par la même occasion - ne faisait que prendre des mauvaises décisions. Comme si c'était un jeu. Ou qu'ils étaient les personnages principaux d'une série télé dramatique dans laquelle rien de bien ne leur arriverait jamais.
Chassant ces idées déprimantes de sa tête, la jeune fille essaya de concentrer son attention sur son devoir d'histoire.
S'il y avait bien une chose qu'elle avait l'habitude de négliger dans sa vie, c'était sa scolarité.
Elle séchait régulièrement les cours pour prendre soin d'un de ses frères ou de sa petite sœur malade et avait extrêmement peu de temps à consacrer à ses devoirs. De toutes façons, elle savait bien qu'elle ne pourrait jamais faire de grandes études, alors à quoi bon s'ennuyer avec tout ça?
Néanmoins, elle tenait quand même à faire le minimum, parce qu'admettre devant toute une classe et un professeur que non, elle n'avait pas fait le travail demandé parce qu'elle avait du préparer le dîner pour ses frères et sœurs, les faire prendre leur bain et les mettre au lit à la place de ses parents disparus Dieu sait où depuis trois jours, probablement défoncés près d'une poubelle, ça n'était jamais agréable et plutôt humiliant.
Et maintenant qu'elle était en famille d'accueil, et qu'elle avait un peu plus de temps pour elle, elle tentait de s'appliquer un peu plus en faisant ses devoirs, espérant faire grimper sa moyenne et prendre assez d'avance pour réussir son année.
Cette fin d'après-midi là, elle était donc en train de se concentrer sur un long et laborieux devoir d'histoire qu'elle espérait bien réussir. Elle était seule avec les enfants pendant que Esmée et Richard étaient sortis à une quelconque soirée de riches. Carl et Debbie jouaient dans la pièce d'à côté et Fiona profitait de la connexion internet du couple pour faire ses recherches quand soudain Debbie se mit à piailler de douleur.
— Fionaaaaaa ! appela-t-elle de sa petite voix aiguë. Carl fait maaaal.
Abandonnant devoirs, crayon et leçons d'histoire, Fiona se précipita auprès d'eux, prête à faire face à n'importe quelle situation, tout en sachant que ce n'était rien de grave ou d'importe.
Debbie et Carl se chamaillaient sans arrêt, bien plus que Ian et Lip au même âge. Était-ce à cause de la différence de sexe, ou simplement leurs caractères opposés? C'était vrai que Ian était mille fois plus calme et conciliant que Carl, ce qui avait probablement permis aux disputes de se régler plus facilement.
Les deux petits étaient assis par terre, sur un tapis de jeux, au milieux de dizaines de jouets en tout genre, mais visiblement un seul leur importait : une barbie que Debbie retenait desespérement par les bras pendant que Carl la tirait dans l'autre sens, essayant de se l'approprier.
— A mwaaaaaah, criait-il tout en essayant de frapper sa sœur de sa main libre.
— Arrête Carl ! chouinait Debbie, ne parvenant pas à garder son jouet près d'elle et à se protégeant des coups de son frère en même temps.
Carl agrippa les cheveux de sa sœur et se mit à les tirer, provoquant des hurlements de douleur. Fiona, ne souhaitant pas en voir davantage, les rejoint et s'interposa entre eux.
— Carl, ça suffit ! ordonna-t-elle en lui agrippant la main.
— A mwaaaah, protesta-t-il tout en essayant de donner un coup de pied à Debbie.
— CARL ! STOP ! Laisse Debbie jouer.
Fiona le poussa pour qu'il s'éloigne et se tourna vers sa petite sœur qui reniflait en serrant sa Barbie contre son coeur.
— Ça va Debbie ? lui demanda-t-elle en essuyant ses petites joues humides de larmes.
— Carl est méchant.
Fiona n'eut pas l'occasion de répondre car le téléphone se mit à sonner. Avec un soupir, elle attrapa son petit frère pour l'empêcher de retourner ennuyer Debbie, quitta la chambre et descendit décrocher, le bambin se débattant contre elle.
— Allô ?
— Bonjour, pourrais-je parler à Fiona Gallagher ?
Elle fronça les sourcils, à la fois parce qu'elle était surprise d'entendre son nom, mais aussi parce que Carl tentait de la mordre pour se libérer. Elle lui mit une petite tape sur le bras pour le stopper et répondit en même temps. La polyvalence, c'était son meilleur moyen de survie.
— C'est moi. Qui êtes-vous?
A peine eut-elle terminé de poser sa question que Carl se mit à brailler pour exprimer sa frustration d'être ainsi prisonnier de ses bras. Son hurlement fut si bruyant et si soudain que Fiona ne comprit que quelques mots de son interlocuteur à l'autre bout du fil.
Pourtant, elle en saisit suffisamment pour qu'elle ait l'impression de se liquéfier sur place. Lentement, elle laissa glisser Carl et le laissa s'échapper, sans prêter attention à la prochaine bêtise qu'il s'apprêtait à commettre. Les jambes chancelantes et la voix tremblante, elle réussit à peine à articuler lorsqu'elle reprit sa parole, redoutant qu'il confirme ce qu'elle avait pensé entendre.
— Pourriez-vous répéter s'il-vous-plait ?
— Votre frère Ian Gallagher vient d'être admis aux urgences du Memorial Hospital. Il vous réclame et nous vous demandons de le rejoindre aussi vite que possible.

oOoOoOo

Fiona se précipita à l'accueil directement en entrant dans l'hôpital.
— Excusez-moi je cherche mon petit frère, Ian Gallagher. Il a été admis aux urgences...
Rien qu'en prononçant ces mots, son estomac se contracta. Ian était blessé. Et même si on lui avait assuré que ce n'était pas grave, il était à l'hôpital, sans elle, sans ses parents. Il devait être terrifié.
— Salle 4, troisième porte à droite dans le couloir, répondit la réceptionniste en lui indiquant la direction d'un geste de la main.
— Merci.
Sans plus de formalités, l'adolescente prit la direction indiquée et, quelques minutes plus tard, elle poussa la porte de la chambre où Ian se trouvait, installé sur un lit d'hôpital, le poignet plâtré.
— Ian ! s'écria-t-elle en se précipitant sur lui pour le prendre dans ses bras. J'étais morte d'inquiétude !
Il parut surpris de la voir.
— Fiona, qu'est-ce que tu fais là? demanda-t-il en lui rendant son câlin du mieux qu'il pouvait malgré sa blessure.
Sa sœur rompit leur étreinte pour l'observer, soucieuse.
— L'assistante sociale m'a appelée, mais ce n'est pas ça l'important. Est-ce que tu vas bien ? Tu as mal ? C'est douloureux ? Qu'est-ce qu'il s'est passé? Bon sang Ian, comment tu as réussi à te faire ça ? Et où est Lip ?
— Je suis là.
Surprise, Fiona se retourna et vit que son autre frère était dans la pièce depuis le début. Elle était tellement préoccupée par l'état de Ian et obnubilée par le besoin de le serrer contre elle qu'elle n'avait même pas remarqué sa présence en entrant. Et pourtant, des deux garçons présents dans la pièce, c'était Lip qui semblait en plus piteux état.
Enfoncé dans un fauteuil, son visage était fermé, presque boudeur, alors qu'il utilisait la manche de son pull pour éponger du mieux qu'il pouvait le sang qui le recouvrait, comme s'il s'était fait tabassé avant de venir.
— Nom de Dieu Lip ! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Avant même qu'il ne puisse avoir l'occasion de répondre, ou même que Fiona ne puisse bouger d'un millimètre, la porte de la chambre s'ouvrit, les interrompant, et une jeune femme entra.
Blonde, moins de trente ans et médecin, vu sa tenue. Souriante, elle parcourut la pièce du regard en s'avançant vers le lit, et son visage s'illumina quand elle vit Fiona.
— Ah enfin ! s'exclama-t-elle. Je commençais à croire que ces enfants n'avaient vraiment pour se préoccuper d'eux. Vous êtes de la famille ?
— Je suis leur grande sœur, répondit Fiona, un peu sur la défensive.
La médecin l'observa attentivement, comme pour l'évaluer, et constatant qu'elle était peut-être leur grande sœur, mais qu'elle n'était pas pour autant beaucoup plus âgée, et encore moins adulte.
— Vos parents comptent venir ?
Lip ricana à cette question.
— Nos parents sont actuellement déchus de leurs droits parentaux, répondit Fiona avec une maturité aussi déconcertante que son ton dénué d'émotion. Est-ce que Ian va avoir des séquelles?
La jeune femme les regarda tous les trois, chacun leur tour. Elle s'attarda sur la main de Fiona posé sur l'épaule de Ian, protectrice et réconfortante à la fois, de manière presque maternelle, et sur Lip, le regard provoquant, prêt à défier quiconque tenterait encore de s'en prendre à son frère.
Elle n'avait pas besoin d'en voir plus pour comprendre que la fratrie qui se tenait face à elle était très particulière, et qu'il valait mieux pour elle qu'elle ne pose pas trop de questions. Du moins pas dans l'immédiat.
— Non, finit-elle par répondre avec un sourire rassurant. Aucune séquelle à long-terme, s'il reste prudent et ne se reblesse pas jusqu'à ce que son poignet soit entièrement rétabli. Mais je vous propose de vous expliquer tout ça plus en détails après que je l'ai examiné une dernière fois. Pendant ce temps, pourquoi ne pas essayé de convaincre celui-là - elle désigna Lip - d'aller dans la pièce d'à côté et de se nettoyer un peu ? Il a refusé à chaque fois que j'ai tenté de l'approcher, mais j'aimerais bien m'assurer que ses plaies soient désinfectées et qu'il n'a pas besoin de points de suture.
Le regard de Fiona passa de Ian à Lip. Il était vraiment dans un sale état, autant physiquement que psychologiquement, elle pouvait le voir rien qu'à son attitude, lui qui adorait parler pour faire le malin et provoquer les adultes en temps normal, il était beaucoup trop silencieux. Considérant que la suggestion du médecin était honnête, elle décida de lui confier Ian quelques instants, désormais sûre qu'il serait entre de bonnes mains.
— Allez Lip, viens, lança-t-elle à son frère avec un signe de la main. Je vais m'occuper de toi pendant qu'elle examine Ian.
Aussitôt sur la défensive, Lip s'enfonça aussi profondément qu'il put dans son siège.
— Non, décréta-t-il. Je reste ici.
Fiona fronça les sourcils, ne comprenant pas l'origine de ce refus aussi catégorique.
— Tu as vu ta tête ? Il faut désinfecter tes plaies !
— J'en ai rien à faire, je ne laisse pas Ian tout seul.
C'était donc ça. Sa soeur poussa un soupir. Bien sûr que c'était ça.
Lip lui avait promit de protéger Ian, quoiqu'il arrive. Il se l'était promis à lui-même aussi. Et d'une façon ou d'une autre, il avait échoué, puisque Ian était maintenant blessé. Il l'avait vu souffrir, et s'en tenait maintenant pour responsable. Alors rester près de lui et s'assurer qu'il allait bien, c'était tout ce qu'il pouvait faire dans l'immédiat pour se rattraper.
Fiona se tourna vers Ian, à présent occupé à discuter avec la médecin et à lui expliquer que non, il n'avait pas mal grâce aux anti-douleurs mais qu'il ressentait comme une gène au niveau du poignet, et attira son attention en lui serrant doucement l'épaule.
— Ian, l'interrompit-elle. On va te laisser tout seul quelques minutes, d'accord ? Mais on revient vite, promis.
Elle vit une lueur de panique traverser son regard, mais il ne protesta pas. A la place, il regarda Lip avec tristesse, réalisant bien que son frère culpabilisait à cause de lui.
— D'accord, répondit-il. Mais...tu pourras me rapporter du chocolat du distributeur ?
Fiona sourit à sa demande et lui ébouriffa les cheveux.
— Bien sûr. Sois sage avec le docteur, et ne diminue pas ta douleur pour faire le fier !
Considérant cette question réglée, elle le laissa aux bons soins du médecin et se dirigea vers son autre frère, visiblement peu enclin à se laisser faire. Dommage pour lui, Fiona était plus têtue, et plus grande.
— Suis-moi Lip, je vais nettoyer tout ça.
Sans lui laisser l'occasion de protester, elle l'attrapa par la capuche et le traîna dans la pièce d'à côté, celle que le médecin avait indiqué quelques minutes plus tôt. C'était une salle d'observation, plus petite que la chambre où se trouvait Ian. Mais il y avait quelques instruments, notamment des bandages et du désinfectant.
— Assieds-toi, ordonna Fiona à son frère, tout en se servant dans les ustensiles médicaux.
Elle alla mouiller un linge à l'évier, avant de retourner auprès de Lip et d'entreprendre de lui nettoyer son visage ensanglanté, malgré ses grimaces de protestations.
— T'es salement amoché, commenta-t-elle. Je peux savoir ce qu'il s'est passé ?
— C'est pas important, bougonna-t-il en réponse.
Alors qu'elle était occupée à nettoyer son arcade sourcilière ouverte, s'inquiétant de savoir si ça nécessitait des points de suture ou pas, Fiona appuya dessus un peu plus fort.
— Aïe Fiona ! protesta-t-il. Fais attention.
— Si ce n'était vraiment "pas important", ça ne te ferait pas mal, rétorqua-t-elle. Alors maintenant, raconte, et sans rien omettre.
Lip fit la moue, mécontent, et bougonna quelque chose d'incompréhensible avant de finalement se décider à partager ce que lui et Ian vivaient depuis plusieurs jours...


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