Jafas
Messages : 224 Date d'inscription : 10/02/2015 Age : 25
| Sujet: Vote - Concours n°1 Lun 21 Sep - 14:07 | |
| Concours n°1 Je m'excuse pour le retard, un empêchement de dernière minute... Mais bref, sans plus attendre, voici les textes ! - Participation 1:
« Ensemble de choses sens dessus dessous et donnant l'image de la destruction, de la ruine, du désordre. »
Quand j'avais demandé à ma mère ce qu'était le chaos, elle avait simplement éludé la question d'un geste de la main, me disant d'aller jouer. Comme toujours. J'avais alors été dans le bureau de mon père pour y prendre le dictionnaire. Et c'était cette définition que j'avais trouvée. Mais même maintenant que je l'avais sous les yeux, je n'étais pas sûr de comprendre. Les enfants sont souvent méchants entre eux, car ils n'ont aucune notion de bien ou de mal parfaitement claire. C'est ma maîtresse d'école qui me l'avait dit quand tous les enfants de ma classe s'étaient moqués de moi en primaire. Mais ce qu'elle ne m'avait pas dit, c'est que c'est quand même blessant. Les mots résonnent toujours dans mon crâne, et les larmes menacent toujours de couler.
Tu es un monstre, tu sèmes le chaos, tu ne mérites pas de vivre. Va-t-en.
Le psychologue dit que c'est un mauvais cap à passer, que les choses iront mieux dès que j'aurais quitté le collège. Mais il ne m'a pas dit comme faire pour aller mieux. Les adultes ne comprennent jamais la détresse des plus jeunes, car ce ne sont jamais des problèmes assez importants pour eux. A croire qu'on invente tout pour se rendre intéressant. Mais non. Je n'ai rien inventé. Ça aurait été plus simple, si c'était le cas. Plus de moqueries, plus d'insultes, plus de rejet. Juste de l'amour. On dit souvent que la vie est comme un chemin. La mienne est un champ de bataille. Tout le monde y est passé pour se battre contre moi, me laissant seul et blessé au milieu des ruines. C'est le désordre, et il y a eu de la destruction. Si je m'en tiens à la définition du dictionnaire, ma vie est le chaos. Quelle ironie. L'ironie du sort, mon père aurait dit. Mais il n'est pas là pour me redonner de l'espoir. Ma mère aurait dit, elle, de ne pas s'attacher au paroles des autres. Mais elle préfère se noyer dans l'alcool pour se sentir protégée. Parfois, je repense aux mots de ma maîtresse. Les enfants, quand ils sont trop jeunes, ou mal élevés, ne savent pas ce qu'il faut dire ou non, ce qui blesse ou non, quelle attitude est appropriée ou non. Mais quand sont-ils censés apprendre ce genre de choses, si personne ne leur dit ? Alors quand je me défends, quand je leur crie dessus de toutes mes forces en disant à quel point j'ai mal, ils devraient comprendre, non ? Non. Ils rient. C'est tout. Ils ne font que rire. Alors je me mets à frapper, parce que les mots ne sont plus assez forts pour exprimer ma douleur. Mon seul moyen de leur faire comprendre est de leur faire aussi mal que moi je souffre. Mais dès que je commence à frapper, les adultes interviennent et me considèrent comme le méchant, comme l'enfant mal élevé, comme celui qu'il faut punir. Alors ils me punissent. Et moi, je souffre toujours. Mais je me tais, car je n'ai aucun moyen de faire comprendre ma douleur. Dans ce monde, le chaos n'a pas sa place. Les gens le créent, le forment, lui donnent naissance, mais fuient dès que le résultat se trouve sous leurs yeux. Nous sommes aveugles face à nos erreurs, mais nous remarquons celles des autres. Le chaos, c'est ce qui m'entoure, mais c'est aussi ce qui remplit le cœur de toutes ces personnes. Ils se détruisent eux-mêmes, mais sont incapables de le remarquer. C'est triste. Juste triste.
- Participation 2:
L'air est lourd, moite, irrespirable. Certains jouent au billard, leurs bières à la main en riant grassement, d'autres fument leur vieux tabac séché en jouant aux fléchettes, d'autres encore se ratatinent rachitiquement dans un coin jusqu'à disparaître dans la pénombre. L'homme est l'un d'entre eux. Il fait partie de ces nombreuses ombres dissimulant leurs âmes décrépites au fond des bars. Il boit l'une de ces mixtures acides qui rendent morose et dont les vapeurs d'alcools trouvent écho au fond de la rétine. Il était pourtant venu dans ce bar dans l'optique d'épancher sa névrose en se noyant dans un verre réconfortant bien que trop grand pour son foie meurtris. Mais il n'est qu'hypnotisé et rendu placide. Ce soir encore, sa seule consolation sera dans l'oubli. Ses souvenirs finiront par le rattraper le lendemain alors qu'il atteindra de nouveau la sobriété puis il replongera pour tenter de s'en échapper. Il n'y a rien de pire que la sobriété pour une âme délurée, elle fait ressortir les gerbes d'une vie malmenée par les vagues trop fortes de l'existence, se brisant sur le récif, il n'en reste maintenant que des miettes qui se disséminent fébrilement entre les bulles de gaz, dans une morne choppe à moitié vide. Pendant que des hommes naviguent en confiance, d'autres se noient en silence. Les rêves et les espoirs perdus se retrouvent à agonir dans une gorgée de maltée industriel. Ils sont régurgités dans une écume ocre à l'angle de la ruelle, derrière une poubelle bien trop pleine. La nuit porteuse d'espoir dépose un homme ivre mort sur un radeau voguant lentement. Puis l'heure viendra où le radeau s'échouera définitivement sur les bords du Styx, à l'aube, lorsque le monde prend son envol routinier.
Cet homme est d'une affligeante banalité. Il n'a jamais réfléchis aux concepts du destin, du sort, de fil conducteur de l'existence ou même de l'inverse, du grand hasard, de la roulette russe, des coïncidences. Cet homme n'a fait que traîner des pieds en les regardant passivement s'émoussaient, sans rien faire. Cet homme a subis la vie et la vie l'a oublié. Cet homme a laissé sa condition être un chaos, un chaos qui est présent en chacun de nous dès la naissance mais qui s'est particulièrement répandu en lui, tel un cancer fulgurant au creux de son être. Pourtant, cet homme n'a pas dit son dernier mot, une sorte de soucis de la dernière volonté vient l'habiter au dernier instant alors que tout semble être perdu, un peu comme dans ces films américains que ne terminent que trop bien.
Son corps se répand sur le trottoir sale de la même manière que son vomit entre lui et la poubelle débordée par la masse croulante de déchets. Il laisse les ombres s'emparer de lui puis se ravise. Dans un geste d'ivrogne se débattant d'un attaquant invisible, il fait partir les ombres menaçantes de la nuit. Il soulève péniblement son buste, la poussière et la saleté sous son torse peuvent alors s'enfuir, comme si même la putrescence n'eut voulu de lui. Son regard troublé et perdu se fixe sur la flaque de bile qu'il avait recraché. Puis une sorte d'idée lui vient, une de ces idées que l'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie, une de ces idées qui font un homme. Il dépose dans la marre puante et gluante son doigt tremblant. Et il se mit à écrire.
Lorsque le point final à son écriture arriva, il s'écroula, pour toujours. Son index se figea comme un emblème dans la posture finale de la marque de ponctuation. Le lendemain les éboueurs découvrirent son cadavre. L'odeur était infect, l'aube se levait. L'un d'entre eux, indifférent, s'empara de la poubelle pour la vider dans la benne à ordure, répandant au passage dans sa course des détritus qui n'eurent pas l'honneur d'être broyés comme leurs confrères. Sans s'en rendre compte, l'éboueur avait marché sur l'épitaphe d'un homme qui à l'aube de sa mort avait chassé le chaos de sa vie dans un ultime sursaut de conscience. La seule trace que voulait laisser cet être pathétique au monde fut blasphémée par la semelle merdeuse d'un éboueur simplement indifférent et peu consciencieux. L'épitaphe devait être oublié à jamais.
Pourtant, alors que tout semblait perdu, 3 heures avant le passage des éboueurs la propriétaire de la poubelle qui habitait l'immeuble juxtaposant l'homme ivre mort alluma son poste de télé où un blockbuster américain qui se finit bien étala son titre en lettre d'or. Comme la dame n'en avait strictement rien à faire du film elle l'ignora et alla se planter à la fenêtre pour s'allumer une cigarette. En jetant son mégot en contre bas elle découvrit l'homme mort, l'index planté dans un point de ponctuation. Elle resta bouche bée. Étant photographe avec toujours ce souci de l'instant magique elle eut un déclic et s'engagea pour prendre son argentique puis enclencha l'objectif. Le soleil se levait, la lumière était belle, elle se reflétait sur les lettres tracés dans la mare puante.
Quelques jours plus tard apparaissait en couverture d'un magazine célèbre de photographie le cliché de la dame à la poubelle pleine. L'homme ivre mort s'étalait sur le trottoir l'index planté sur le point de ponctuation. On pouvait y lire l'épitaphe de cet homme que le chaos de sa vie avait consumé, mais qui dans un élan tragique, écrivit lui même sa fin.
Comme personne ne vint réclamer le corps à la morgue, l'homme fut ensevelis dans une fosse commune. La dame reçut un prix pour la photo et put avoir une plus grande poubelle. C'est dans cette même poubelle que s'échoue un des numéros du magazine de photographie, un lecteur peu emballé le jeta là sans avoir conscience qu'il le renvoyait à l'expéditrice.
Dans le vent ballote faiblement les pages du prospectus qui affiche en couverture une flaque de vomit, on peut y lire :
Ici repose celui dont le nom était gravé dans son vomit.
- Participation 3:
Si on avait demandé à quelqu'un ce qu'était le Chaos, il nous aurait répondu par cette phrase : Je ne sais pas, mais une chose est sûre ; après le Chaos, il ne reste rien. On ne sait jamais quand il va arriver. Il attend le meilleur moment, celui où l'on ne fait pas attention, celui où tout va bien dans nos petites vies bien rangées. C'est un tempête, un tourbillon et l'instant d'après, il ne reste rien. Plus rien que quelques larmes et un peu de poussière. Le Chaos était arrivé cet été là alors qu'un soleil brillait au dehors. Le ciel, d'un coup, s'était assombrit ; le Chaos avait posé ses valises et commençait à saccager tout sur son passage. Les gens qui marchaient dans la rue avaient relevé la tête, guidés par un mauvais pressentiment, comme on en a souvent avant les catastrophe. Et ils regardaient ce ciel se couvrir de noirs orages, les lourds nuages chasser rapidement le ciel bleu et le vent violent soulever leur cheveux. Et les corbeaux soudain étaient apparus, se détachant sur la masse grise des nuages. Ils avaient fondus sur eux. Pendant quelques secondes, personne n'avait bougé, tous avaient les yeux levé vers le Chaos. Puis, petit à petit, ils avaient réalisé, la peur s'étaient emparée d'eux, avait soulevé les poitrines. Le Chaos aime cet effet, ce petit moment où les gens glisse vers la conscience du danger imminent. Où les souffles retenus attendent avant d'être lâchés. Ce moment n'est jamais long. Mais c'est un des meilleurs. Aussitôt après, les mâchoires s'étaient ouvertes, formant un cri unanime. Et la foule s'étaient éparpillée, dans tous les sens. C'était là un reflet du Chaos et ce dernier s’admirait, narcissique, dans ce miroir sans teint. La foule était comme une rivière qui charrie les débris des eaux. Plus personne ne prêtait attention à ce qu'il fallait fuir, ils fuyaient tout simplement et tout alors respirait l'instinct animal. Encore quelques secondes, et les corbeaux plongerait sur eux. Un bruit sourd retentit, il déchira les cris. Une onde de choc balaya tout. Et la foule, et les enseignes. Et les maisons. Les voitures. Tout. Il ne resta plus rien debout. On ne sentait plus la peur, on n'entendait plus rien, que les ailes lourdes des volatiles qui s'éloignait. Le nuage de fumée se dispersa peu à peu et le Chaos put contempler son œuvre. Plus rien n'était à sa place, et plus rien ne ressemblait à rien. Satisfait, il se détourna, cela avait duré si peu de temps... Une minute, à peine. Il recommencerait. Dans quelques jours. Ou dans quelques années, qu'importe. Le Chaos savait attendre. Il attendait le meilleur moment, celui où l'on ne fait pas attention, celui où tout va bien dans nos petites vie bien rangées. De cette journée d'août 1945, il ne restait plus rien. Que quelques larmes et de la poussière.
- Participation 4 ::
Le Tout semble noir. Ou flou. Cela dépend des moments. Le Tout est changeant. Il semble vibrer violemment et en même temps être aussi lisse qu'une mer d'huile. Rien n'est sûr, mais tout l'est en même temps. C'est un état fluctuant, que peu de personnes savent comprendre et appréhender. Il effraie la plupart des gens, qui se retrouvent démunis devant ce fait, pourtant réel, mais qui leur semble beaucoup trop abstrait ou même mystique pour en faire quelque chose. Le Tout peut arriver à tout le monde. Chacun peut s'y perdre, au moins une fois dans une vie, et c'est généralement une période douloureux ou compliquée à dépasser. L'Homme n'est pas habitué à gérer ce que le Tout représente. Les sentiments les plus sombres comme les plus lumineux, le doute se mêlant à la certitude…
Le Tout, c'est ce qui est appelé généralement Chaos.Dans de nombreuses croyances, le Chaos est ce qui s'oppose au Bien, alors que la réalité est bien différente. Le Chaos est juste un état changeant qu'il faut savoir comprendre et appréhender sans s'y perdre et sans y voir là une Mal absolu. C'est quelque chose de complexe, d'insaisissable, et qui nous envahi tous à un moment ou à un autre de notre existence. Nous sommes tous fait de cette essence, qui prend un peu de sens le premier jour de notre vie et le perd le dernier. C'est une flamme qui nous habite, et sans laquelle nous ne serions tous que des marionnettes. C'est ce qui apporte au monde sa part d'irrationnel, de stupidité, voire même de tragédie. Mais nous ne pourrions vivre sans cet état qui pourtant nous fait si peur.
Voilà, n'oubliez pas de voter ! Vous avez une semaine pour le faire, soit jusqu'au 27 septembre |
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